Dans les cieux éternels, le Soleil, frère aîné de la Lune, observait avec une colère silencieuse l’amour naissant entre sa sœur lumineuse et l’Alpha des Loups Géants du Nord. Chaque nuit, il voyait la Lune briller d’un éclat plus intense, ses rayons touchés par la passion interdite qui la liait à une créature terrestre. Cet amour, pur et indomptable, surpassait toutes les lois célestes et éveillait en lui une jalousie profonde. Le Soleil n'était pas seulement jaloux de leur union, mais aussi de leur enfant, Galadran. Lui, qui avait toujours régné en maître sur le jour, n’avait jamais connu une telle affection, ni engendré une espèce nouvelle à partir de sa propre lumière. La Lune, dans un acte de rébellion contre l'ordre cosmique, avait donné naissance à une lignée hybride, mi-loup mi-homme, perpétuant leur amour dans le monde des mortels. Ce cadeau qu'elle avait laissé à la Terre, le Soleil ne pouvait le tolérer.

Il se tourna alors vers la Terre, décidé à affirmer sa suprématie et à contrecarrer l’œuvre de la Lune. Si sa sœur pouvait créer une lignée qui dominait les nuits, alors lui, Soleil éclatant, donnerait naissance à des créatures qui seraient liées à lui, et qui ne subiraient jamais l’influence nocturne de la Lune. Sous ses rayons brûlants, le Soleil choisit les renards, des créatures qu’il admirait pour leur ruse, leur discrétion et leur intelligence. Leur nature insaisissable et mystérieuse était parfaitement adaptée à sa vengeance. Il transforma les renards en Alopecanthropes, nom dérivé du grec Alopex (renard) et Anthropos (homme). Ces créatures étaient conçues pour être les égales des lycanthropes, mais avec une nature profondément différente. Le jour, ils restaient des renards, agiles et rusés, parcourant les terres et se dissimulant aux yeux des hommes. Mais la nuit, quand la Lune régnait dans le ciel, ils abandonnaient leur forme animale pour prendre celle d’hommes et de femmes humains, discrets et beaux, se fondant parmi les mortels.

Pour sceller sa création, le Soleil donna naissance à une fille, son équivalente à Galadran. Elle s’appelait Solara, et elle serait la première des Alopecanthropes. D’une beauté étincelante sous la lumière du jour, son pelage de renard était d’un or brûlant, scintillant comme les rayons solaires. Mais la nuit, sous la forme d’une femme, elle était tout aussi fascinante et insaisissable, ses cheveux longs comme les flammes du crépuscule et ses yeux reflétant la chaleur du soleil couchant. Solara fut la première Alpha de sa race, et sous son règne, elle imposa une règle qui distinguerait pour toujours les Alopecanthropes des lycanthropes : seules les femelles pouvaient devenir Alphas. Contrairement aux lycanthropes, où les mâles régnaient souvent en maîtres, les Alopecanthropes vénéraient la puissance des femmes, incarnée par Solara. Les renardes, douées d’une intelligence supérieure et d’une ruse inégalée, étaient les guides et les protectrices de leur espèce.

Les Alphas femelles, sous leur forme humaine la nuit, pouvaient se glisser dans les sociétés humaines, influençant les événements de manière subtile et insidieuse. Elles menaient leurs semblables avec une habileté et une force redoutable, et chaque mâle Alopecanthrope leur devait une loyauté infaillible. Sous la lumière du jour, ils revenaient à leur forme de renard, insaisissables et invisibles, toujours en quête de nuire aux lycanthropes, qu’ils considéraient comme des rivaux directs. Solara, première de son espèce, possédait une beauté envoûtante qui pouvait envoûter les hommes, mais c’était sa ruse et son intelligence qui la rendaient véritablement redoutable. Elle apprit rapidement que la guerre directe contre les lycanthropes ne leur donnerait pas l’avantage, et elle mena ses semblables dans l’art de la manipulation.

Les Alopecanthropes ne se battaient pas comme des loups, avec une force brute et des instincts sauvages ; ils utilisaient plutôt la ruse et la séduction pour diviser leurs ennemis, pour semer le doute et la trahison. Dans cette guerre silencieuse qui opposait le Soleil à la Lune, Solara fit preuve d’une fidélité sans faille envers son créateur. Elle rêvait d’un monde où les lycanthropes seraient renversés, où les Alopecanthropes, enfants du Soleil, domineraient aussi bien le jour que la nuit. Malgré leur dévouement envers le Soleil, certains Alopecanthropes commencèrent à ressentir une liberté nouvelle. Lorsqu'ils prenaient forme humaine, loin de la lumière brûlante du Soleil, ils se découvraient une autonomie inattendue. Sous le ciel nocturne, ils étaient des hommes et des femmes à part entière, libres de leurs mouvements et de leurs pensées.

Certains commencèrent à remettre en question leur devoir imposé par le Soleil, à explorer les mystères de la nuit et à désirer autre chose que la simple destruction des lycanthropes. Ainsi, une dualité commença à naître parmi eux. Les plus fidèles au Soleil poursuivaient inlassablement leur mission de vengeance, tandis que d’autres s’éloignaient de leur créateur, fascinés par la liberté de la nuit et la promesse de choisir leur propre destinée. Les Alopecanthropes continuent d’arpenter les terres aujourd’hui, le jour sous la forme de renards rusés, discrets et insaisissables, la nuit sous l’apparence d’hommes et de femmes mystérieux, maîtrisant l’art de la dissimulation et du mensonge. Ils demeurent des prédateurs invisibles, liés par la jalousie de leur créateur mais en quête de leur propre chemin, des êtres à la fois fidèles et libres, perdus entre deux mondes, toujours en quête de leur véritable nature.