La nuit était si belle… Si lumineuse. Ce soir, le ciel était dépourvu de nuage et offrait aux quelques chanceux qui se trouvait à l’extérieur un spectacle étoilé. Il avait neigé toute la journée et l’horizon était joliment décoré d’une couche blanche épaisse et brillante, ce qui rendait le paysage encore plus beau qu’à l’ordinaire. C’est du moins ce qu’elle pensait. 
La Dague de Cristal, comme on se plaisait à la surnommé, était une femme à l’apparence aussi innocente que son cœur était sombre. On la pensait incapable d’admirer la beauté, un sourire ironique fleurit d’ailleurs sur ses lèvres en songeant à ce que ses sujets pourraient bien penser d’elle à ce moment précis. Elle se trouvait sur le balcon de sa chambre, simplement vêtue d’une longue robe couleur lavande, sans chaussure, ni manteau, ni artifice ; ce qui était très rare. Assise sur la rambarde, elle avait le regard perdu sur l’horizon, songeuse. Elle songeait à sa vie et elle souriait affectueusement comme si elle redécouvrait une vie remplie de bonheur. Le bonheur était différent d’une personne à l’autre et dans son cas, elle trouvait le bonheur dans ses péchés. C’était ironique lorsque l’on avait l’habitude de la comparer à un ange tombé du ciel. Si on lui demandait son avis sur la question, elle répondrait qu’il ne s’agit qu’une tromperie et qu’elle était, en réalité, sortie des entrailles des enfers. Ça l’amusait. Naturellement cruelle, elle prenait du plaisir à tourmenter autant ses proches que ses ennemis. Il n’y avait rien de plus beau que la cruauté… Oui, la Dague de Cristal était capable de reconnaitre la beauté, à sa façon. Elle aimait sa vie et pour rien au monde elle ne souhaiterait vivre une autre vie que celle-là… 
Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit compte que trop tard qu’un malheur venait de frapper à sa porte. Lorsqu’elle entendit les premiers cris de détresses, elle sut que c’était fini.